Ouessant
Me voilà posée sur un magnifique caillou. J'ai réussi à affronter le fromveur, courant puissant redouté de tous les navigateurs. Il passe entre Molène et Ouessant.
Il faut dire que l'océan a ménagé ses voyageurs ce matin : pas de houle, peu de vent et très peu de remous. Le bâteau a une belle puissance pour narguer le creux des vagues.
Fromveur : Le nom provient de deux mots bretons, l'un froud signifiant "courant d'eau, torrent", l'autre meur signifiant "grand".
Une escale pendant la traversée se fait pour les quelques passagers dont la destination s'arrête à Molène. Une toute petite île croquignolette à 40 mn du Conquet. 1/2 h plus tard, je débarque au bout du monde : Ouessant.
De nombreuses navettes privées proposent depuis le port le transport des voyageurs vers leur point d'arrivée. Pour moi, c'est le village de l'île : Lampaul.
4 petits kilomètres pour rejoindre Roch' Ar Mor, hébergement hôtel/restauration. Un magnifique lieu situé dans une large baie : la chambre est orientée sur l'atlantique, une splendide vue.
Sans plus attendre, je suis prête, avec mon compagnon de route , à braver le vent, emmitouflée dans plusieurs épaisseurs, bonnet vissé sur la tête. Départ vers l'ouest de l'île en longeant les sentiers côtiers. Direction la pointe du Pern. Sur cette côte, nous avons les yeux rivés sur le phare de la Jument, phare très populaire avec ses si nombreux clichés le représentant dans les tempêtes. C'est un phare mythique rendu célèbre par les photos réalisées en pleines tempêtes sur la mer d'Iroise. La Jument est "l'Enfer" pour les gardiens de phare.
Justement , en parlant de phare, nous avons visité le musée des phares et balises. Une belle école d'enseignement pour les curieuses comme moi qui ne connaissaient rien de ces constructions faites de prouesses entrainant bien des déboires dans ces environnements de tous les dangers avec les éléments déchaînés...
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Ce musée nous accueille dans l’ancienne salle des machines de la centrale électrique du phare de Creac'h, où de magnifiques pièces d’optique, des maquettes, la reconstitution de la chambre des gardiens de phare témoignent de l’épopée des hommes qui ont rendu possible la navigation sur toutes les mers du globe.
Ce musée situé au pied du phare de Creac'h (ce phare est très reconnaissable par son habillage rayures noires et blaches) et sémaphore est une belle entrée en matière pour celle et/ou celui qui se plaît à se projeter dans les histoires maritimes. J'ai adoré faire la visite.
Cela a même été l'occasion d'une petite acalmie venteuse. Car cette balade, seuls au monde (pour n'avoir croisé que 2 ou 3 personnes pendant ces 6 h de marche) a été une petite prouesse quant aux conditions venteuses. Le vent est permanent ici et la saison d'automne ne nous a pas épargnés de ses quelques rafales de 75 km/h. Même les rochers se plient aux humeurs venteuses... tous deformés, penchés d'un côté ou de l'autre donnant une ambiance féerique au paysage environnant. 😀
Depuis le phare de Creac'h jusqu'à l'île de keller au Nord, j'ai été émetveillée des formes et quantités de roches posées à flanc de falaises : de véritables cathédrales naturelles défiant l'Atlantique.
J'ai été séduite aussi dans cette balade du jour, par la lumière changeante bien typique de la Bretagne. Une île qui se laisse attendrir par ses humeurs si changeantes. Cette lumière qui joue à cache-cache avec le randonneur embellit le paysage... jusqu'à faire scintiller l'herbe si verte et si douce aux abords des falaises. Pour un peu, je me serai crue en Irlande, dans le Connémara avec ces sols spongieux et vetdoyants à merci. Un délice pour les pieds des marcheurs. Pas de graviers ni de sable ou de terre dure... la marche en devient très agréable.
La nuit pointant le bout de son nez, après ces nombreuses heures de marche, nous avons rejoint Lampaul pour nous restaurer et dormir d'un sommeil profond dans un bruit de fond d'agitation très venteuse! Ça souffle fort ce soir à Lampaul. Bonne nuit et à demain pour d'autres belles aventures.
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